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UN BON AVOCAT 2/2

Lire ce texte depuis le début : UN BON AVOCAT 1/2

Enfin, que le lecteur sache bien que tout ce qui est dit ici est pour la plus grande partie autobiographique. Ou résulte de confidence et d'expériences de personnes crédibles. Souvent, j'ai entendu pis que ce que j'ai décrit.

Extrait du site HTTP://WWW.DENONCIATION.COM


Lire ce texte depuis le début : UN BON AVOCAT 1/2

Une proposition vicieuse à poser au cher Maître est de lui dire que vous acceptez de lui verser des honoraires au même tarif que ceux qu'il accepte de pratiquer avec les compagnies d'assurances. Mais si vous dites cela, je crois bien que neuf fois sur dix, vous vous faite sortir.

Si, après ces palabres dignes d'un marché africain, vous êtes toujours dans la place, c'est que votre cher Maître n'est pas aussi occupé qu'il veut bien en donner l'air. En fait, s'il accepte le début de cette négociation, c'est qu'il est à la recherche d'un nouveau client. Pas de possibilité de négocier ? Très bien, la liste des avocats inscrits au barreau est longue. Sachez que même si vous avez entretenu votre interlocuteur pendant trois quarts d'heure, vous ne lui devez rien !

Retenez bien ceci : Vous ne pourrez maîtriser un avocat que lors du premier entretien. Et que vous, consommateur, vous avez le droit de faire jouer la concurrence. En face, on n'aime pas cela, et on vous le fera bien sentir. Alors, puisque vous ignorez les règles du jeu, et qu'on fait tout d'ailleurs pour vous les cacher, vous n'avez d'autre ressource que de perdre beaucoup de temps pour vous informer. C'est là, d'ailleurs où on vous attend. Lorsque vous vous décidez, enfin, à consulter, c'est comme pour le dentiste. Parce qu'il y a une molaire contre laquelle tous les analgésiques se révèlent maintenant impuissants. Et en plus, maintenant votre estomac vous fait souffrir, à force de digérer de l'aspirine. Mauvais début !

Si vous prenez le parti d'entrer dans un cabinet, de déballer toute votre marchandise et de ressortir après avoir été délesté d'un chèque conséquent, vous êtes perdu. Ou plutôt, vous avez perdu votre argent, car vous ne le reverrez jamais plus. Trop tard, vous avez adopté les règles de la machine qui va vous broyer. Mieux vaut donc apprendre à connaître la machine pour tenter de la maîtriser. Et ceci peut être fait à ses dépens, eh oui ! Mais avant de vous proposer une démarche originale, retenez bien ceci : Si la profession usait de transparence, vous n'en seriez pas arrivé à essayer de contourner les embûches qu'elle tend. Si la déontologie, les tarifs et autres connivences étaient clairement publiés et affichés à l'extérieur du Cabinet, vous n'en seriez pas à suspecter vos interlocuteurs de vouloir vous cacher les pièges qui vous seront tendus...

Pour commencer, vous vous munissez de la liste des avocats inscrits au barreau. Cette liste pend dans le moindre commissariat de quartier. Prenez papier, crayon et notez. Là, vous serez déjà pris pour un original. Il n'y a pas un quidam par an qui se livre à ce travail. Pourtant, s'il y a une affiche, c'est bien pour qu'elle soit lue !

Tout en haut de l'affiche, les plus anciens, les bâtonniers et anciens bâtonniers, bref, les plus coûteux. Ils ne sont certainement pas financièrement à votre portée. Très bien ! Puisqu'ils sont déjà fort riches, nous pourrons affirmer qu'ils pourront accepter de perdre un peu d'argent, c'est à dire de temps, en votre faveur. C'est par eux qu'il faut commencer. Avec la ferme intention de ne pas leur confier votre défense. Vous y allez seulement pour tâter le terrain, pour vous aguerrir... et connaître les tarifs ! "Pompez" le maximum de renseignements lors de ces entretiens. Au-delà du sixième, vous comprendrez où sont vos intérêts, où se trouvent les difficultés à vaincre.

Reprenez votre souffle, appelez depuis votre bureau, c'est moins cher et cela va vous rapporter gros. Enfin, je veux dire que cela va vous permettre de dépenser moins. Pour vous aussi, le temps, c'est de l'argent. Et en avant, la valse des rendez-vous.

Ne vous faites pas leurrer par l'apparente nécessité de vous faire défendre sur l'heure. Même si vous êtes convoqué au tribunal pour le lendemain matin, allez-y. A l'appel de votre nom, exposez que vous n'avez pas eu matériellement le temps de trouver un avocat. Cela se pratique pour des motifs bien plus futiles de la part des chers Maîtres. Avec, comme c'est étrange, des demandes de report à répétition lorsque approchent les vacances.

La Justice étant de rapidité toute relative, vous serez certainement reporté à deux mois, voire plus. Vous aurez bien tout le temps à ce moment.

Avant d'aller aux rendez-vous de l'avocat, préparez votre affaire au moyen d'un petit résumé écrit, que vous conserverez uniquement pour vous. Laissez un double interligne pour noter les réponses qui vous seront faites chez l'avocat, au fur et à mesure des questions que vous poserez.

Donnez l'impression de vous adressez au bateau de sauvetage venu vous récupérer après que votre navire ait sombré en haute mer. Mieux vaut ne pas attirer la méfiance.
Le cher Maître vous demandera certainement comment vous êtes arrivé à lui. Prétextez un vague collègue qui l'aurait eu pour défenseur il y a de nombreuses années. La mémoire de votre interlocuteur ayant heureusement ses limites, cela passera pour vrai.

Ne vous faites aucune espèce d'illusion. Vous serez roulé dans la farine lors de cet entretien. Et lors de nombreux autres. La seule décision à laquelle vous devez absolument vous tenir est : ne pas payer ! D'ailleurs, vérifiez bien que vous n'emporterez pas de carnet de chèque, pas de portefeuille, pas de carte de crédit ni même de porte-monnaie pour ce genre de visite préliminaire. Vous prétexterez vous être changé et les avoir oubliés. Surtout, ne signez rien ! Et si, en face, on se fâche, on vous menace de vous traîner devant le Bâtonnier, dites que vous êtes venu pour connaître les tarifs. Et, puisqu'il ne sont pas affichés comme l'exige la Loi (Eh ! oui, c'est légal pour tous les prestataires de services ! ), il ne vous restait donc comme unique solution que d'entrer. Lorsque vous aurez évoqué le non affichage des tarifs, la colère de façade du cher Maître s'effondrera tout d'un coup !

Lorsque, à la fin de l'entretien, votre interlocuteur glissera sur l'aspect douloureux des choses, essayez encore de poser deux ou trois questions concernant votre information. Faites semblant ne pas comprendre qu'il vous demande un versement de provision. Et lorsque arrivera le moment inéluctable où on vous exigera de payer avant d'aller plus loin, dites que vous allez réfléchir. Et c'est bien votre droit !
Les têtes d'enterrement qui vous feront face à ce moment vous montreront bien que la préoccupation première n'est pas la défense de la veuve et de l'orphelin.

Parce que, si vous versez une provision au premier bavard venu, vous aurez mis le doigt dans l'engrenage. De peur de perdre à jamais la somme avancée, vous serez tenté de satisfaire à l'appétit galopant de l'ogre. Pourvu qu'il me défende bien ! Cela, vous n'en savez rien. Seule certitude, vous avez payé, adieu le fruit de votre labeur. Si vous versez la moindre provision sans aucune précaution, vous aurez toujours le doute de ne pas pouvoir la récupérer. Et si, en cours de procédure, vous êtes insatisfait de votre avocat, il exigera d'être intégralement payé de la facture monumentale qu'il vous adressera avant de communiquer votre dossier à un confrère. Qui, par obligation de déontologie, refusera de vous défendre tant qu'il n'aura pas obtenu le feu vert de son collègue de coquin ! Et soyez bien content si cette communication comprend toutes les pièces que vous avez communiquées. C'est fou les papiers que la Justice et ses "serviteurs" peuvent perdre ou égarer !

De proche en proche, d'essais ratés en commencements de réussite, vous affinerez votre approche, selon le type d'affaire que vous avez à défendre.

Et c'est ainsi que vous serez mieux armés pour imposer une convention d'honoraires.

Une remarque au passage : j'ai presque été victime d'un avocat qui me demandait de lui verser environ le quart du montant prévisible des honoraires, rien que pour établir un devis des dits honoraires ! Comment faire jouer la concurrence dans ces conditions ? Cabinet à proscrire absolument, là, c'est vous qui avez perdu votre temps. Heureusement pas votre argent. Une autre fois, je me suis fais reprocher, par écrit, d'avoir "osé" consulter une demi-douzaine d'avocats avant d'en choisir un !

La convention d'honoraires est un document par lequel votre avocat s'engage sur le montant de sa créance envers vous. Autant vous dire tout de suite que c'est légal, mais qu'ils n'aiment pas cela du tout. Et puisqu'ils n'aiment pas, si vous réussissez à la faire passer, autant y faire figurer d'autres choses que les stricts montants. Par exemple, les modalités de paiement suivant calendrier et étapes de la procédure. Ils n'aiment pas cela non plus. Parce que cela les oblige de travailler pour recevoir leur argent. Il est tellement plus simple de vous envoyer une lettre demandant un complément d'honoraires, éventuellement sans aucune justification. Ou alors, en restant dans un brouillard du genre : ... Tenant compte de l'importance de l'affaire et en fonction des devoirs et actes posés, j'ai l'honneur .... suit un chiffre avec beaucoup trop de zéros.

Dans la convention d'honoraires, vous avez parfaitement le droit de convenir d'un montant variable tenant compte de l'échec ou de l'importance de la victoire, et des résultats chiffrables de votre affaire. Si, par exemple, vous avez déjà obtenu, seul et à l'amiable, une proposition d'indemnisation pour une somme de 100.000 frs, vous pouvez proposer de verser par exemple 10% des sommes obtenues au-delà, par voie de justice. Et cela, ça les intéresse et les motive. Les honoraires de base devraient, en toute logique, être minorés en fonction de la potentialité de cette rémunération éventuelle.
Vous avez réussi à négocier une Convention d'honoraires et vous vous croyez à l'abri de toute surprise ?? Erreur ! Certains avocats n'hésitent pas, en cours de l'affaire qui vous concerne, de vous réclamer des suppléments au titre de motifs les plus divers. Au premier rang desquels "votre affaire n'est pas aussi simple qu'elle paraissait au départ" ou encore "que sa complexité dépasse largement le cadre de ce qui a été convenu" ... etc. Il faut donc mettre quelques verrous supplémentaires.

Et pour commencer, ne pas attendre que le cher Maître vous envoie SON texte de convention, où il aura soigneusement dissimulé pièges et autres portes de sortie. Dès que vous êtes quittés, prenez votre meilleur stylo et confirmez vous-même ce qui vient d'être convenu. Vous aurez un avantage si vous avez dissimulé un minuscule Dictaphone dans votre sac à main ou dans une poche de votre veston : Cela aide beaucoup la mémoire ! Et expédiez le tout par télécopie ET par lettre ordinaire. Et prenez contact téléphonique dès le lendemain auprès du secrétariat (de préférence à une heure où vous savez que le patron est au Palais, comme cela il ne pourra pas vous prendre en ligne et recommencer à vous dire des choses qui ne seront pas écrites), afin de savoir si votre courrier est bien arrivé.

Vous en profiterez pour verrouiller la rémunération convenue en fixant les modalités d'une éventuelle révision. Mieux vaut cinquante six précautions qu'une seule à moitié valable !
Puisque nous voici arrivés presque au terme de ce chemin de croix, vous remarquerez que les tarifs des avocats sont inversement proportionnels à la distance qui sépare leur cabinet du Palais.
Selon moi, le meilleur choix devrait se situer dans le milieu du tableau de l'ordre.

Un cas particulier toutefois : les avocats stagiaires qui viennent de se mettre à leur compte, après avoir été exploités pendant des années par leur Seigneur et Maître. Ils n'ont pas ou peu de clientèle, ils doivent la créer, et ils ne peuvent pas faire de publicité. Toujours la déontologie en faveur de l'ordre établi. Il faut qu'ils réussissent pour asseoir une notoriété à créer de toutes pièces. Ce qui leur ouvrira plus tard la bourse de leurs futurs clients. Il est donc nécessaire "qu'ils fassent des étincelles", sans trop esquinter leurs aînés. Difficile !!!

Vous avez détecté la perle rare ? Ceci après avoir trouvé l'avocat qui à la fois, pratique des honoraires décents, s'intéresse à votre cause, accepte de vous donner ses tarifs et ne vous ennuie pas de trop avec la déontologie. Bref, presque la quadrature du cercle. Ce n'est pas tout à fait fini !

Car, à l'instar des assureurs qui conviennent d'un tas de choses contre les intérêts de leurs clients, ces chers Maîtres on entre eux l'obligation d'observer un code de déontologie. Chose parfaite s'il ne se retournait éventuellement contre les Clients, ainsi que l'exemple cité plus haut.

Il faut bien savoir que tous les avocats se tiennent entre eux par ce code, d'autre part introuvable même dans les meilleures bibliothèques. Et qu'ils vous l'objectent, si vous tentez d'obtenir quelque chose qui, pour vous semble tout à fait normal.

Vous pouvez éventuellement arriver à une situation conflictuelle avec votre avocat. Dans ce cas, c'est au bâtonnier de trancher. Hélas, ceci n'arrête pas le cours de la justice, et vous pouvez vous trouver éventuellement très mal pris. Et qui a dit que les loups ne se mangent pas entre eux ??? Silence, on tourne ... la Loi !

Pour éviter le maximum de dégâts, ne confiez jamais que des copies de vos documents au cher Maître. Parce que, s'il a les originaux et que vous entrez en conflit, il les retiendra. Adieu vos pièces, tant que l'affaire n'est pas réglée. En faveur de votre très aimable conseil, bien entendu.
Pour éviter toute perte, tout oubli " involontaire ", envoyez les photocopies de vos documents à votre avocat par courrier. Numérotez les pièces, datez-les éventuellement. Faites une lettre d'accompagnement, contenant un inventaire de ce que vous envoyez par ce courrier. Si ce sont des pièces très importantes, faites un double de votre lettre d'accompagnement. Remettez les photocopies de vos pièces au secrétariat, et faites signer et dater le double de votre lettre d'accompagnement par la secrétaire, pour réception. Deux précautions valent mieux qu'une, c'est comme pour le pantalon : Ceinture ET bretelles !
Certains avocats veulent absolument avoir les originaux. Refusez fermement, et dites que vous présenterez les originaux devant la Cour si votre bonne foi est mise en doute. Et que ce n'est pas à votre interlocuteur de ne pas avoir confiance en vous !
Parce qu'une attitude souvent observée de la part des avocats est d'exiger que leur Client leur fasse confiance absolue. Et ce principe est fort discutable. A partir du moment où on refuse tout contrôle, on est à la merci de toute dérive.

Pour éviter d'entrer dans ce processus, il faut, dès le premier entretien, renverser le principe de la confiance en votre faveur. Avant que votre avocat ne vous l'assène, il faut lui dire que vous recherchez un conseil chez qui VOUS vous sentirez en confiance.

Autrement dit, il faut qu'il vous donne confiance, il faut qu'il vous démontre qu'il croit en vous et votre affaire, il faut que la confiance vienne de lui pour commencer, et non l'inverse. Diplomatie et langage feutré d'absolue nécessité !

Démontrez aussi que la confiance ne peut être que bilatérale. On ne peut avoir confiance en une personne qui ne vous accorde pas sa confiance. Ajoutez que la confiance est une et indivisible. On ne peut avoir confiance que sur le savoir-faire et ne pas avoir raisonnablement confiance sur l'intégrité. Vous en profiterez à cette occasion pour payer les provisions en n chèques de montants égaux. Ce qui vous permettra de payer seulement pour du travail fait, et non pour du travail à faire. Votre patron vous paie-t-il votre salaire en début ou en fin de mois ? Donc, exigez que la provision "pour étudier votre affaire" soit l'objet d'une analyse écrite qui vous sera remise. Et pour le versement de la provision : la moitié lorsque vous aurez enfin pu choisir votre "défenseur", l'autre moitié lorsqu'il vous remettra le document objet de son étude. Cela l'obligera à travailler correctement plutôt que dans l'urgence à la veille du procès.

Ce qui précède me permet un petit aparté : si vous êtes salarié d'une entreprise, il en existe parfois qui mettent gratuitement leur avocat d'affaires à la disposition du personnel, pour un entretien informatif relevant de leurs affaires personnelles. C'est toujours bon à prendre, et si vous n'avez jamais rencontré d'avocat, cela vous donnera le ton. Parfois aussi, vous pouvez obtenir une consultation gratuite via le Comité d'Entreprise, votre mutuelle ou votre Syndicat. Enfin, allez voir votre mairie, il y a éventuellement moyen de rencontrer un cher Maître gratuitement, toujours pour un seul entretien, par leur entremise.

Dernier espoir : certaines associations consuméristes, du genre UFC, ont des permanences juridiques tenues par de vrais avocats bénévoles. Parfois, des avocats qui siègent dans les Maisons de la Justice et du Droit. Mais ils sont surchargés par tous les sans-papiers, les SDF et autres malheureux.

Tout au bas de l'échelle, il y a l'aide juridictionnelle (A.J). Des avocats sont désignés pour plaider pour les indigents. Certaines conditions de ressources (modestes) sont exigées. Mais c'est vraiment de l'avocat au rabais. Car ces chers Maîtres, obligés de plaider par devoir professionnel imposé, ne se donnent certainement pas à fond pour des honoraires quasi inexistants. Il existe bien quelques rares "saints", mais c'est l'exception à une règle générale. Vous avez dit justice gratuite ?

Vous avez convenu d'une convention d'honoraires avec un avocat ne vous semblant pas trop malhonnête, suffisamment compétent, raisonnablement efficace ? Bravo, vous avez réussi le parcours du combattu dans la jungle des temps modernes.

Ce n'est pas tout, il va falloir aussi affronter le Palais de Justice, ses fonctionnaires et ses lourdeurs. Le meilleur conseil qu'on puisse donner au justiciable est d'aller voir ce qui s'y passe avant que d'être appelé à son tour. Il faut démystifier le lieu et la crainte qu'il inspire aux justiciables. Allez-y comme au spectacle. Car c'en est un, c'est du cinéma ! Et en plus, si ce n'est pas pour votre affaire, c'est gratuit et çà peut rapporter gros.

Il y a habituellement un point d'accueil, où vous pouvez solliciter un renseignement. Voyez les tableaux d'affichage, ils renseignent des jours et heures d'audience. Repérez le local où vous aurez bientôt le triste privilège de vous trouver. Voyez à quelle heure çà s'ouvre, et revenez au jour dit quinze à vingt minutes avant l'heure d'ouverture des portes. Calez-vous devant l'entrée, et attendez qu'on ouvre. Et être le premier entré.

Dès l'ouverture, sans attendre, dirigez-vous vers l'intérieur, et occupez le premier banc du public. Attention ! Pas tout devant, c'est réservé aux personnes appelées devant le tribunal, au fur et à mesure de l'appel de leurs affaires.

Attention, pas au second rang, c'est réservé aux chers Maîtres, et cela fait habituellement trois ou quatre rangs. Renseignez-vous, il y a toujours là un professionnel, voire un policier qui vous indiquera où il vous est autorisé de vous installer.

Enfin, presque au bout, à peu près au trois quarts vers le fond, les bancs du public. Qualité juste au-dessus de la planche de sapin non rabotée. Coussins et dossiers habituellement ignorés.

De cet endroit, derrière les avocats, leurs larges robes, leurs bedons et leurs dossiers, vous êtes sensé pouvoir observer et écouter ce qui se dit. Encore une illusion qui s'envolera. C'est à peine compréhensible, sauf si les micros ne sont pas en panne ce jour-là. Les avocats discutent entre eux, entrent, sortent, chipotent dans leurs papiers sans aucun respect pour le public, sensé pouvoir tout entendre. N'y allez pas avec ce qui pourrait ressembler à un magnétophone portatif, vous vous feriez condamner sur-le-champ ! C'est fou ce que la justice a peur de ces petits appareils. On se demande d'ailleurs pourquoi, puisque les enregistrements magnétiques pris à l'insu des personnes enregistrées ne sont pas présentables à la Justice ? Et pourquoi la justice est-elle rendue publiquement, si on ne peu en conserver un souvenir auditif personnel ?

Les avocats arrivent et repartent, discutent avec les huissiers et les greffiers. S'en suit un étrange ballet, comme au jeu de cartes. Je te mélange les dossiers, je te coupe, je te superpose, j'interpose, je retourne la pile, le tout avec sourires pincés, courbettes et entremises diverses. Pour finir, l'ordre dans lequel les affaires va être traité est à peu près fixé. Tout le monde a, bien entendu été convoqué pour 14 heures. Les plus chanceux passeront vers les 15 heures 30, à moins que la Cour ne s'accorde une pause-café. Les derniers sortiront vers 19 heures 30, les bons jours. Il y a des fois où les différentes affaires plaidées vous emmènent jusqu'à 22 heures, ou plus !. Ou qu'on s'entende dire qu'il est maintenant trop tard, et qu'on remet çà à une prochaine fois. Vous avez dit que l' Administration est au service des administrés ? Quelle erreur ! Quand vous irez dire cela à votre patron le lendemain matin, c'est à peine s'il vous croira, au mieux. Au pis, que vous l'avez fait exprès.

Et le cinéma commence. Sonnerie, "La Cour", prononcé à haute et intelligible voix par l' huissier. Ce seront les seules paroles réellement intelligibles. Tout le monde debout, j'allais dire au garde à vous, devant une demi-douzaine de robes noires qui vont officier.

Les piles de dossiers sur le bureau du centre, celui du Président, vous donnent une petite idée du "poids" de la Justice. Il y a de quoi occuper toute l'après-midi. Au-delà de cinquante centimètres de hauteur de dossiers, on joue les prolongations.

Et en avant les prioritaires. D'abord les détenus. Parce que ceux-là, avec leur suite policière, il faut les reconduire à la maison avant que les portes ne soient fermées pour la nuit. C'est à dire vers les 16 heures 30. Sinon, çà fait des tas de tracas et des heures supplémentaires à payer. Sans compter les ennuis avec les syndicats de matons.
Ensuite, les prononcés après délibéré. C'est à dire les décisions rendues plusieurs semaines, voire plusieurs mois après que les plaidoiries aient été prononcées en public. Que se passe-t-il dans cet intervalle ? Celui qui n'en sait rien, c'est certainement le justiciable. Par un tour de passe-passe, de dépôt de " conclusions supplétives " et autres ficelles, certains avocats parviennent à "en rajouter" pendant ce temps. Bien entendu, sans aucune contradiction possible, parce que la manoeuvre est inconnue de la part de celui qui est venu chercher la justice en ces lieux. Mais est-ce que cela ne faciliterait pas la prolongation, donc l'appel, donc tiroir-caisse ?

L'heure de la sieste est largement dépassée lorsqu'on veut bien s'intéresser à votre cas. Votre défenseur est présent, oui ? Vous avez de la chance. L'adversaire n'est ni présent ni représenté ? Vous croyez avoir double chance. Erreur ! Votre bonus retombe à zéro lorsque vous entendez, ébahi, que c'est VOTRE avocat qui, sans vous consulter, demande la remise à une autre date. Au motif que son cher confrère lui a téléphoné ce matin pour lui demander cette remise, sans doute parce que le chat de la fille de sa voisine fait un mauvais rhume. Vous pensez qu'on aurait pu vous prévenir et vous éviter un dérangement ? Deuxième erreur ! Les chers Maîtres sont au-dessus de cela ! S'ils acceptent, parfois, de vous prendre au téléphone, jamais vous ne les entendrez à leur initiative. Ils considèrent que c'est vous l'obligé. Et aussi que c'est à vous de payer la communication. Quant à leur secrétariat, il fonctionne à sens unique, quand cela les arrange.

Au bout de n remises, et c'est un classique du genre, vous serez sans doute fatigué. Ou, plus simplement, votre patron vous aura passé un savon de circonstance. Donc, à votre corps défendant, vous allez devoir faire confiance à ce qui se passera sans vous. Et c'est une erreur supplémentaire ! Parce que les avocats auront encore trouvé une autre combine, si vous ne prenez pas garde.

Théoriquement, et déontologiquement parlant, ils sont tenus de s'échanger leurs "conclusions" deux semaines avant le passage devant le tribunal. Un bon exercice de style pour vous sera d'essayer d'obtenir lecture des conclusions de votre avocat. Et, dans la foulée, parce qu'il doit les avoir lues avant d'entrer en scène, les conclusions de l'honorable contradicteur. Et bien, si vous réussissez ce défi que je vous lance, vous serez sacré roi des justiciables. Il y a toujours un bon motif, ce qui est dit dans la déontologie ne se vérifie pas par la pratique, et ceci, et cela.... Je vous avait bien dit qu'ils considèrent que c'est LEUR affaire ! Dans leur esprit, certainement pas la vôtre. Et le cochon de payant, qui c'est ? A tout hasard, essayez de faire figurer à la Convention d'Honoraires, une clause qui prévoit cette communication (pour lecture seulement, aucun avocat ne vous laissera consulter un échange de courrier avec son confrère), x jours avant l'audience. Et çà aussi, ils n'aiment pas. Pourtant, ce ne serait que justice.... Comment ? .... vous avez encore osé parler de justice ?

C'est devant ces magouilles qu'il faut prendre quelques précautions supplémentaires. Et en avant, roulez photocopieuses.

Parce qu'un truc pour retarder encore la procédure, donc de toucher plus d'argent, ce sont les incidents. Et l'incident traditionnel, c'est, de la part de l'avocat adverse, d'affirmer qu'il n'a pas eu communication de toutes les pièces présentées au tribunal. Même s'il s'agit du certificat de vaccination antirabique de l'arrière-grand-oncle. Vous aviez cependant bien transmis ce document essentiel à votre avocat, mais, comme c'est étrange, l'autre ne l'a pas. Et encore plus étrange, les avocats qui ne pratiquent l'omission volontaire et le travesti de la vérité qu'une phrase sur deux pendant leurs plaidoiries, seront là, absolument crus, et sur leur seule parole. Il leur manque une pièce microscopique, dont l'importance doit être légèrement supérieure aux résultats de l'étude portant sur la flexibilité des queues de vaches dans les courants d'airs, à cause de cette omission scandaleuse, ils ne peuvent pas plaider. Scandale d'autant plus grand qu'il aura été soigneusement organisé par les membres de la très honorable corporation !

Donc, pour éviter cette nouvelle remise, félicitons-nous des applications mondialement connues de la Firme Rank-Xérox, ses pompes-copies et ses oeuvres en multiples exemplaires. - publicité gratuite -. Mais j'en ai tellement usé jusqu'ici, que je leur dois bien cela.

Attelez-vous donc à utiliser au mieux la meilleure machine de votre service (merci patron, au passage), pour vous faire plusieurs séries de copie de documents que vous aurez préalablement classés chronologiquement et numérotés. Ajoutez un sommaire répertoriant toutes les pièces et envoyez cela par recommandé avec accusé de réception, le même jour, à votre avocat, à celui de la partie adverse, ET au greffier en chef du tribunal où vous devrez vous rendre quinze jours après. La lettre d'accompagnement indiquera de manière la plus claire possible, que tout le monde a reçu la même chose, suivant inventaire joint. Et que, sauf contestation par retour du courrier, les destinataires marquent ainsi implicitement bonne réception du dossier au grand complet.
Et çà aussi, ils n'aiment pas.

Dernier acte : c'est votre tour. La partie adverse se déchaîne en mensonges, contrevérités et autres trahisons, y compris à l'encontre de pièces contenues au dossier. Pendant ce temps, votre défenseur somnole, laisse l'autre raconter n'importe quoi contre vous. Vous pensez que le Juge rétablira l'équilibre en examinant à fond le dossier pendant la quinzaine qu'il s'accordera pour réfléchir avant de se prononcer ??? Grossière erreur. Comment pourrait-il matériellement, lire et relire tout ce fatras de papier qui est devant lui, afin de rendre un jugement de Salomon ? Ce qui compte surtout pour lui, c'est que son jugement ne soit pas cassé ni en appel, ni en cassation. Cela fait très mauvais effet sur la notation annuelle de ce fonctionnaire.

Donc, empêchez la machine à broyer d'agir en votre défaveur. Si vous ne pouvez pas interrompre le moulin à paroles adverse, rien ne vous interdit les effets de manche. Gesticulez négativement, soufflez quelques mots à l'oreille de votre avocat pour lui dire votre stupeur d'entendre pareilles énormités. Et pour les dames : rien ne vaut les pleurs abondants. Et pour les cas extrêmes, faites semblant de vous évanouir. Rien de tel que pour secouer la torpeur de la cour et s'assurer qu'on prend enfin considération de vous !

Les débats étant enfin clos, s'en suivent souvent des contacts informels avec les avocats concernés, pour avis ... etc. C'est à ce moment qu'arrivent éventuellement les conclusions supplétives, documents que l'un ou l'autre avocat fait parvenir au juge, et par lesquels ils tentent une fois de plus de l'influencer. Ces conclusions supplétives, votre avocat doit les avoir reçues de la partie adverse. Pour vous permettre de réagir à temps. Mais quant à être informé de leur existence ???? A vous de prendre vos précautions, et demander à votre avocat, peu de temps avant le prononcé (en différé), s'il n'y en a pas eu !

Si Dieu a créé la femme, c'est certainement le diable qui a créé l'assureur et l'avocat

Qu'il me reste encore le devoir de vous rassurer. Un avocat valable, un tel avocat, j'ai réussi à le trouver, il m'a honorablement défendu contre une grande Société. J'avais l'intention de raconter cette histoire dans un autre chapitre d'un livre que je n'écrirai pas. Car la Société concernée a préféré me payer largement et à l'avance l'éventuel profit que j'aurais pu en tirer.... En contrepartie de mon engagement à ne pas écrire et ne pas la citer . Autre sujet de réflexion ... pour le lecteur !
Pour une autre raison, et aussi parce que cet avocat avait décidé de ne plus plaider, pour des raisons privées, j'en avais trouvé un autre. Avec secrétaire aimable et souriante. Avec qui j'ai presque eu l'impression, à certains moments, d'une relative complicité, intellectuellement parlant. S'ils lisent ces lignes, ils se reconnaîtront de m'avoir appris l'origine du terme "honoraires".
Dans le passé, il fut un temps béni, hélas révolu, où les clients "honoraient" leur médecin ou leur avocat, uniquement en fonction du résultat obtenu.

Oui, j'ai même rencontré des avocats honorables. Le malheur veut qu'ils ne sont pas légion. Les poissons volants, les oiseaux qui parlent, cela existe aussi. Mais ce n'est pas une caractéristique de l'espèce.

Enfin, que le lecteur sache bien que tout ce qui est dit ici est pour la plus grande partie autobiographique. Ou résulte de confidence et d'expériences de personnes crédibles. Souvent, j'ai entendu pis que ce que j'ai décrit. Une dernière pour la route :

Scandalisé par l'exploitation éhontée qui est faite du divorce par les "auxiliaires de justice", une association Loi 1901 avait tenté de créer un réseau d'avocats s'engageant sur leurs honoraires et le respect de normes (ISO 9004) applicables à la profession. Certains avocats honnêtes y avaient souscrit. Le barreau de Paris ayant eu vent de l'affaire, ils eurent droit aux menaces ... émanant du bâtonnier !!!

Vous avez dit justice ??? Quel cinéma ! (Sauf erreur et/ou omission).


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ANNEXE 1

L'Huître et les Plaideurs

Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent
Une Huître que le flot y venait d'apporter :
Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;
A l'égard de la dent il fallut contester.
L'un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L'autre le pousse, et dit : Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l'apercevoir
En sera le gobeur ; l'autre le verra faire.
- Si par là on juge l'affaire,
Reprit son compagnon, j'ai l'oeil bon, Dieu merci.
- Je ne l'ai pas mauvais aussi,
Dit l'autre, et je l'ai vue avant vous, sur ma vie.
- Eh bien ! vous l'avez vue, et moi je l'ai sentie.
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin fort gravement ouvre l'Huître, et la gruge,
Nos deux Messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d'un ton de Président :
Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille.
Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui ;
Comptez ce qu'il en reste à beaucoup de familles ;
Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.

(signé : Jean de la Fontaine)

Extrait du site HTTP://WWW.DENONCIATION.COM

21 October 2006 8718 lu 0 commentaire Imprimer

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